En 2012, Babs décide de rompre avec sa vie souterraine. Après plus d’une vingtaine d’années passées dans les méandres du réseau des transports parisiens à repeindre en couleurs les mornes trains et métros des parigots, il part à la découverte du monde extérieur. L’exploration urbaine lui tend les bras.
Babs attaque sa période « Néo Graffiti » comme il dit, un « portail interdimensionnel vers un futur cyber artistique et des peintures anachroniques », rien que ça ! Envie de décrypter ? En voici déjà un avant-goût, avec les douze shots choisis par Babs pour nous permettre de comprendre son évolution. Envie de rentrer à 100% dans son délire ? Le livre 321 Revolution est disponible ici.
#1 Blueprint Voyager
J’ai réalisé cette pièce en 2014. C’est la première depuis mon retour à la surface que je trouve aboutie. A cette époque, je peignais déjà souvent seul. Il y a moins de contraintes de couleurs, de temps, plus d’espace et de liberté de création. On peut se laisser aller à un lâché prise total, où spontanéité et énergie communient. Je passais d’un travail très scolaire avec croquis, à une conception plus instinctive ou règles et codes étaient révolus.
#2 Klyntar Symbioteum
J’ai découvert ce garage pendant sa destruction en 2015. Les démolitions du secteur avançaient rapidement, j’avais donc peu de temps pour me l’approprier. J’ai trouvé un passage discret pour esquiver les travailleurs. Les murs alentours s’effondraient autour de moi et j’entendais les pelleteuses se rapprocher au fil des jours. C’est vite devenu mon laboratoire. Il m’aura fallu cinq sessions pour en venir à bout et en prendre totalement possession. Le klyntar est la troisième pièce que j’y ai peint. Mes lettres sont encore très distinctes bien qu’organiques. A cette période, je réalise que les lettres me restreignent et me freinent dans ma liberté de mouvement.
#3 Vénom Symbioteum
2016. Lorsque Seth Globe Painter m’appelle pour faire quelques toiles à quatre mains pour sa prochaine exposition, je suis loin d’imaginer que son atelier de création est un immense entrepôt désaffecté. Je suis à peine entré que je vois ce superbe mur vierge qui domine l’espace. J’avais fini les toiles, je lui propose de le peindre mais son timing est trop juste. Je me souviens qu’il faisait très froid, j’avais en tête ma version d’un symbiote que j’avais dessiné quelques jours auparavant.
#4 Carnage Symbioteum
Cette pièce donne suite à la Venom, peinte quelques mois plus tôt. Elle clôturait une période où j’explorais l’idée d’introduire des illustrations figuratives, type Philippe Druillet. J’ai pris le temps d’ajouter un décor pour contextualiser l’univers d’où provient ma créature.
#5 Genesys
Avec Clyse et Fish, nous visitons des bâtiments abandonnés près de Porto. Il fait très chaud, nous peignons plusieurs murs ensemble à l’abri du soleil avant de nous séparer et d’explorer les lieux chacun de notre côté. C’était ma troisième pièce de la journée. La fatigue, la faim et la soif commençaient à se ressentir. Il ne me restait plus que des fonds de bombes. Je suis parti sur une pièce sans ambition particulière, un freestyle, c’était un bon test. En reliant mes modules, je n’avais aucune idée du résultat. C’est celle qui m’a ouvert le plus de possibilités ce jour-là.
#6 Enduro Racer Master System
La 6 est l’une des lignes aériennes les plus convoitées pour sa photo mythique avec la Tour Eiffel en fond. On y voit des dizaines de peintures en rotation permanente depuis des mois. Elle est saturée de couleurs, je voulais participer aussi à ma manière à cet évènement historique. Un rendez-vous plus tard, je retrouve un partenaire de confiance. On fait ce qu’il faut pour atteindre le Saint Graal et quelques minutes plus tard…
#7 Hyperloop Express
Comme on dit souvent, c’est pour le sport… pour s’entretenir. J’étais de passage à Lille, j’appelle une amie de confiance pour bouger. Elle se pointe avec une équipe réduite et me propose d’aller faire un tour en Belgique…
#8 Mega Omega Speeder
J’étais invité sur un gros festival aux Pays-Bas. J’y retrouve mon gars sûr Aroe, toujours chaud pour tout peindre. Il me propose une sortie en off. Après une longue journée de peinture entre averses et soleil, le rendez-vous est fixé à 22h dans le hall de notre hôtel. Son pote nous récupère et nous propose une session whole car… Tout se passe sans accroc. On enchaine sur le festival le lendemain et dans notre frénésie, encore une petite session panel dans la soirée… qui nous prendra la nuit. Après deux échecs, la troisième tentative fût la bonne !
#9 Stranger Things
J’ai l’habitude de peindre ce mur depuis mes débuts. Il est situé au pied de la barre d’immeuble qui m’a vu grandir. J’y ai joué au foot, vu mes premiers graffitis avant d’y peindre moi-même et d’en faire mon fief.
#10 Boomerang
Cet endroit est un havre de paix. J’aime aussi peindre dans un environnement agréable et confidentiel, plein de verdure, avec un petit cours d’eau et peu de passage. Je le considère un peu comme une page d’un blackbook où je teste de nouvelles directions.
#11 Lord of War Interstellar
Ce jour-là, il pleuvait des cordes. Je pars repasser le mur peint avec Kurtz Amor sous la Cité de la Mode à Paris, un an auparavant. La dernière crue de la Seine l’avait bien détérioré. A peine je commence, le personnel de la voirie me laisse entendre qu’il est maintenant interdit d’y peindre. J’étais lancé. Une demi-heure plus tard, une voiture de police s’approche au pas. Ils s’arrêtent et me demandent ce que je fais. Je leur dis « un graff ! ». Ils me répondent que c’est interdit et me somment d’arrêter. Je leur réponds que j’arrêterais dès que j’aurais terminé. Ils me menacent de finir au poste. Avec le soleil de retour, je leur dit que ce serait bête de rentrer par une si belle journée…
#12 Weapon Massive Destruction
L’une de mes pièces préférées, réalisée pendant le Step in the Arena à Eindhoven, en 2019.
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