Salamech fait référence au surnom que me donnaient mes potes avant que je me mette au graffiti. A 14 ans j’avais une tête de lézard et la queue en feu… comme le Pokémon ! C’était marrant, j’ai gardé ce nom.
Ça faisait chier les autres que j’aie plus de lettres qu’eux, et c’était un moyen très efficace de retenir mon nom. Il me plaît toujours autant car il fait référence à la culture populaire, les dessins animés, les mangas, la télé, toutes ces conneries, en parfaite adéquation avec la débilité de notre époque.
J’ai commencé à peindre seul en 2001 à Montpellier, puis peu à peu avec Sia, Namo, Blope. On faisait tous du roller, notre crew c’était le 347. On était essentiellement actifs dans la rue et un peu sur trains. L’année suivante j’ai commencé à peindre des trains avec Smole avec qui on faisait aussi du roller. Il nous a naturellement proposés de l’accompagner. Il nous a tout appris : voler les bombes, rôder les plans… La première session train m’a donné le virus. Suite à l’action, on a vu la circu deux heures après. C’était incroyable ! Après le procès de Versailles de 2001, tout l’entourage de Smole a arrêté de peindre. Il a alors reformé des équipes pour reprendre le flambeau avec son nouveau crew TF1, encore actif aujourd’hui. Je suis entré dans le crew en 2004. Jusqu’en 2005, on était quasiment les seuls à peindre des trains et des métros dans le sud de la France. On apportait du sang neuf. En plus d’être de très bons potes, on était tous très motivés. Les conditions à remplir : voler ses bombes et faire nos propres plans.
Sans négliger la rue, on aimait tout dans le graffiti tant qu’il y avait de l’adrénaline, on s’est focalisés sur le roulant. Je suis aussi connu pour avoir fait quelques toits bien placés. On a fait pas mal de voyages en Interrail, avec son lot d’aventures. Il y a eu pas mal d’histoires avec la justice, ça a pris du temps, et perturbé notre quotidien. J’ai mangé pour un whole car, puis je me suis tourné vers une carrière artistique. Aujourd’hui, je vis de ma peinture. Mon propos est lié à mon vécu : la rue, l’univers des trains et des métros s’inscrivent dans mon travail artistique.
#1 Séjour initiatique à Rome
Mon premier métro de Rome, durant un séjour initiatique avec Smole et Moar. Pour comprendre le délire graffiti, il faut aller à Rome, cette circu est gravée à jamais dans ma mémoire.
#2 Lumière matinale
La lumière matinale, une nuit de mission avec les potes, ce modèle avec les fenêtres miroirs, les couleurs… La photo parle d’elle-même je crois.
#3 Bon vieux Corail
Session énervée à Toulouse, on était une bonne dizaine, avec Sike, Ziko, Respa, des mecs du 132 et d’autres. On a zoné ensemble une bonne partie de la nuit avant de se jeter sur ce bon vieux Corail.
#4 Rénovation de RER
On a eu vent que les vieux RER de Paris se faisaient rénover à Clermont-Ferrand. Fallait pas le dire deux fois. Lourde session de sudistes. Ce soir-là, on a peint le nouveau modèle tout neuf dans l’atelier, un bleu et chrome, et l’ancien modèle où j’ai réalisé cette masterpiece.
#5 TF1 parisien
Pas besoin d’être devin pour comprendre qu’on a rôdé l’affaire plus d’une fois. Ce panel TF1, je le voulais à cet endroit précis, pour le dédicacer à mes frères de bombing sur métros brûlants !
#6 Retour au pays
Gros top to bottom à côté d’un CKT réalisé par CLASE. A cette époque, je vivais à Barcelone. Ça faisait du bien de rentrer au pays de temps en temps pour faire les plans qu’on maîtrisait.
#7 A deux doigts du serrage
Les sessions métros à Barcelone sont toujours bouillantes, ça part toujours en en cacahuète. On arrive enfin à faire la ligne 3 très tard, juste avant la reprise du trafic. Gros souvenir avec Whel, Mesk, Opel, Afiler et Sorcek sur cette action. La lumière du wagon a été allumée par le chauffeur, on est sortis par la trappe trente secondes avant que la sécu n’arrive pour la bloquer.
#8 L’arène de Magliana
Ma dernière action sur le métro de Rome en compagnie de Sorcek et Afiler, de bon matin dans l’arène de Magliana. Ils sont partis une minute avant moi, je devais finir ma pièce. En prenant la photo, je vois du coin de l’œil qu’un sécu est en train de courir vers moi super véner. S’en est suivie une sale cavalcade dans la forêt de roseaux que certains connaissent. Jean déchiré, genoux en sang, portable explosé, mes potes introuvables. J’ai pris un train et je suis rentré.
#9 Une nuit avec Mank
Toute la nuit à tourner dans Paris avec Mank, Smole et Moar, à rôder des plans sans succès. Au final, Mank nous dit « Bon les gars, je vous emmène sur un plan perso… Mais si j’apprends que vous y retournez, je vous défonce ! »… On n’y est allé qu’une fois.
#10 Backjump sept minutes
La reprise du game, pour le fun ! On représente la familia. On peint à quatre mains pour rentrer ce backjump en sept minutes avec Afiler.
#11 Au calmito
Parce qu’à un moment donné, les plans 7 minutes c’est relou. On a décidé de se faire une petite virée en Italie. Là, j’avoue qu’on était déter. On a fait les choses bien, au calmito.
#12 Nike Sarko
Il s’agit d’une de mes dernières sessions au dépôt de Montpellier en 2009. On y peignait assez rarement des TER, c’est surtout un dépôt de TGV. J’étais avec mon pote Fion, on en a profité pour poser à côté de nos pièces. À cette époque, je mettais toujours une petite dédicace à Sarkozy qui représente tout ce que je déteste dans notre société.