J’ai rempli mon sac avec autant de bombes de peintures que possible. J’ai quitté le confort de l’air conditionné de mon hôtel pour les rues chaudes et animées de Bangkok.
Je me suis souvenu avoir aperçu un dépôt de trains abandonnés depuis le Skytrain, situé au fond d’une cour envahie par les arbres et les mauvaises herbes. Je me suis alors dirigé dans cette direction en espérant trouver un vieux train que je pourrais peindre pour une photo cool.
Je suis monté dans un train à la station la plus proche, j’ai ensuite marché le long de la route pour dénicher la ligne de trains de banlieue. Je me suis dirigé le long des voies pour trouver un accès au spot. Quelques gars du quartier en vélo m’observaient, soupçonneux, se demandant ce que je faisais là. J’ai fait semblant d’être un photographe, ils sont repartis et m’ont laissé tranquille.
En checkant le mur d’enceinte pour trouver un moyen d’entrer, je me suis rendu compte que j’étais grillé par les ouvriers à l’intérieur du dépôt. Après une longue marche, j’ai trouvé un endroit où le grillage était coupé et où je pouvais escalader un arbre pour le franchir. Appareil photo à la main, j’ai fait un signe à quelques locaux en train de faire la sieste dans leurs hamacs, pour leur indiquer que je comptais passer par dessus le mur. Ils avaient l’air de s’en foutre, j’ai donc jeté un dernier coup d’œil avant de passer de l’autre côté.
J’ai rapidement trouvé des tas de déchets que j’ai empilés le long du mur pour avoir une issue de secours au cas où. Le calme et le silence régnant dans le spot tranchaient radicalement avec l’agitation extérieure.
J’ai écarté de nombreux buissons épais, pour voir ce que je pouvais trouver. J’entendais des gens, quelques indices m’ont indiqué qu’ils vivaient sur place. Je me déplaçais le plus discrètement possible au milieu de ces vieux trains envahis par la jungle au milieu de la ville.
En traversant les rames abandonnées, je suis tombé sur un train violet, complètement propre, brillant sous le soleil, en attente d’une nouvelle couche de peinture.
Je regrettais amèrement de porter un short et un t-shirt en me promenant dans les herbes hautes, j’espérais que les serpents soient plus effrayés que moi. J’ai peint deux pièces, en me cachant à chaque passage du Skytrain et à chaque fois que j’entendais des voix à proximité.
En sortant, j’ai fait une dernière pièce avec le reste des bombes. Au lieu de prendre le même chemin qu’à l’aller, j’ai suivi les voies pour trouver une sortie facile. En poussant d’épais buissons, je suis tombé sur une petite plateforme entourée d’ordures. J’essayais de marcher silencieusement, mais à chaque pas, les feuilles et les branches craquaient bruyamment.
J’ai repéré trop tard un gars qui dormait sur le dessus, il me fixait, surpris de voir quelqu’un passer près de son abri de fortune. Il a commencé à me crier dessus en thaï… je n’avais aucune idée de ce qu’il disait, mais il était clair qu’il n’était pas vraiment heureux de me voir là. Je lui ai montré mon appareil photo pour faire diversion, mais il devenait fou, je me suis précipité vers la sortie en sautant par dessus le mur. Sur le chemin de la gare je n’ai pas cessé de regarder par dessus mon épaule pour être sûr de ne pas être suivi. Une bien belle journée dans cette ville incroyable.