En Guadeloupe, avec mes potes de collège on crée le groupe Nèg’ Dans l’Art (NDA) en 1997. On était partagé entre le toast, le breakdance, et le tag. Je dessine depuis l’enfance. Dès 1998, je commence à prendre des photos de graffiti, et à peindre en équipe.
Je m’installe en région parisienne en 2002. Je pars en province en 2007 et je suis de moins en moins productif. Retour en région parisienne en 2011, entre les déménagements et le reste, je m’intéresse de moins en moins au graffiti, j’arrête quasiment de peindre… je me replonge dans le truc fin 2014. C’est la raison pour laquelle j’ai disparu des radars pendant presque sept ans.
#1 Pointe-à-Pitre
En 2000, alors que je viens de m’installer à Pointe-à-Pitre, je rencontre Teke. En plus du graffiti, il était à fond dans le roller et moi dans le rap. On s’est vite retrouvé plusieurs fois par semaine à chiller dans cette ville qu’il contrôlait. Le soir, l’esplanade de la BNP nous servait de checkpoint avec Krashko (R.I.P.), Pako, Shooit et quelques skateurs, on y taguait et on se montrait nos sketchs. Cette photo date de 2006. Teke m’avait une fois de plus emmené dans un spot original, la friche de l’usine sucrière Darboussier. On en a profité pour peindre une épave de bateau encore à quai, des fûts de rhum et tout ce qu’on a trouvé sur notre passage. Aujourd’hui, à la place, il y a le Mémorial ACTe, le Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage.
#2 Vertigo
Une occasion de faire un toit ? Mouais… pourquoi pas. Passé le troisième étage, j’ai le vertige. Mais si le spot en valait la peine ? Vu d’en haut c’est haut, très haut. Un voisin sort la tête : « Attention les jeunes, c’est dangereux ! » Maintenant qu’on y est, autant faire ce pour quoi on est venu.
#3 Tour de chouffe
Mur vierge en parpaing, rue passante, petit écriteau chantier du prolongement de la ligne 14. Ce spot avait tout pour être idéal. Avec Rocko, c’est chacun son tour de chouffe, au cas où. On prend vraiment son temps. Durée de vie : même pas dix jours. Le mur a été remplacé par des tôles.
#4 Que des Marty McFly dans le terrain
J’aime tout dans cette photo. Le spot, l’ambiance, les graffs, le cadre, le cadrage. Elle a été prise au smartphone par Func’88, dans un terrain du 18ème arrondissement. En revenant d’une peinture rue Ordener avec les CKT, on arrive dans ce spot presque vierge, avec un cadre très marqué. Courte session mais diablement efficace par un vent de Sibérie. Ambiance années 80, que des Marty McFly dans le terrain.
#5 Session sous pression
Une peinture avec Jeroo, Jaye, Dize et Pesa. Je me souviens de Gorze qui me mettait la pression parce qu’à côté Jeroo peignait dans le calme mais comme une machine. C’est une de mes pièces préférées.
#6 Défendre son blaze
J’ai peint cette pièce avec Pesa et Owie. J’ai l’habitude de peindre des personnages qui ont un caractère mystique ou qui sont en colère dans mes pièces. Ça traduit bien le côté nerveux du graffiti originel. Un jour, je suis tombé sur un texte de Dez TFA qui dit se faire un devoir de donner le meilleur de lui-même quand il peint. Je trouve que cet état d’esprit manque cruellement dans le graffiti d’aujourd’hui. C’est bien de crier « touche pas mon graff ! » au mec qui te repasse dans un terrain, mais ton ego, ton énergie, doit d’abord transparaître dans tes lettres, tes phases, tes persos. C’est comme ça qu’on peut voir qui tu es vraiment, c’est aussi comme ça que tu défends le mieux ton blaze. L’émulation fait partie du graffiti et faire des lettres pour faire des lettres n’a à mon avis aucun sens.
#7 Avec la bénédiction du proprio
Un van à peindre avec la bénédiction du proprio. Vu le petit format, je prends le temps de tracer chaque trait de ce lettrage improvisé car je veux une pièce solide. Pendant que je me concentre sur mes quatre lettres, Paze fait un perso cartoonesque qui casse le côté rigide des lettres.
#8 une consigne, quelle consigne ?
C’est l’histoire d’un pote qui a l’autorisation de peindre un camion de maraîcher, à condition d’y peindre des fruits et légumes. Sur le chemin pour aller le rejoindre, je croise une partie de l’équipe. On se retrouve sur place et je finis par faire un featuring avec Xane. Comment ça, on n’a pas respecté la consigne ?
#9 Winter is coming
Sur ce coup là, on a voulu peindre sur un thème plus moderne que d’habitude. Et comme on suivait Game of Thrones, pas besoin de chercher longtemps. Au moment de faire nos blazes, je propose à Skweez d’écrire la phrase culte de la série qui matche assez bien avec notre état d’esprit lorsqu’on peint un camion. Préparez-vous, l’hiver sera rude !
#10 Stranger Things
Après Game of Thrones, on s’est dit qu’il fallait frapper encore plus fort quitte à ce que ça paraisse racoleur. Encore une fois Netflix est passé par là. J’avais prévu de peindre Eleven et de placer le monstre en ombre chinoise dans le fond. Ça ne fonctionnait pas trop, j’ai dû peindre la bestiole en détails, j’ai laissé Skweez s’occuper des lettrages.
#11 Lose Control
J’avais repéré un personnage de comics dont j’aimais le côté Lose Control, en phase de mutation. L’image parle d’évolution et dégage une certaine énergie. Le lettrage est improvisé… as usual.
#12 Émulation
Cette fois, j’avais un sketch. J’aime particulièrement cette pièce avec Skweez et Func’88. On tenait à peindre tous les trois ensemble et je pense qu’on ressent bien l’émulation qu’il y avait ce jour là entre nous. On voulait tout donner, un peu comme sur les bandes qu’on pouvait voir à Saint-Ouen il y a quelques années. Cette photo a une saveur particulière puisque ce terrain est devenu un parking quelques mois après.
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