J’ai commencé le graffiti en 2002. Je suis passé par un ou deux noms jusqu’à trouver Tarta en 2006. J’ai découvert les trains en 2004 et depuis, je n’ai plus de temps libre.
Au début, c’était juste un jeu. On était des gamins à cette époque là. Aujourd’hui, je ne suis plus un gamin mais je me balade toujours dans les mêmes spots entre la Grèce et la Belgique. C’est vraiment bizarre de continuer ce petit jeu. Je suis plus passionné que jamais, ce que j’aime vraiment c’est la vie étrange qu’on peut mener grâce au graffiti. Je suis de retour à Athènes depuis quelques mois, il y a des graffs partout, je kiffe grave même si je dois passer passer plus de temps à dénicher des spots vierges.
#1 The freight escape
C’est un spot pour peindre le dimanche après-midi. On aime bien y aller parce qu’il y a plein de wagons de frets en métal qui partent des Balkans pour parcourir l’Europe. Il n’y a absolument rien autour à part des usines abandonnées. Un jour en s’approchant du spot, on a remarqué qu’il y avait un nouveau mur hérissé de barbelés en construction. C’était un peu étrange mais on ne s’en est pas inquiété plus que ça. Après être entré dans le dépôt, on a remarqué quelques personnes bizarres en train de faire des trucs. On les a observées. Ils ne ressemblaient ni à des travailleurs ni à de la sécu. On s’est rapproché. C’était des réfugiés en train de se cacher dans les wagons pour tenter de franchir la frontière. On pouvait voir leur détermination dans leurs regards. On leur a filé un peu de peinture et ils ont commencé à écrire leurs noms partout. Ils nous ont demandés de les prendre en photo et de leur envoyer par Facebook.
#2 Fond casse-couilles
Je déteste ces compagnies ferroviaires qui mettent des pubs sur mes trains. Ça demande tellement d’efforts pour essayer d’adapter son lettrage à ces fonds débiles. La première fois, c’était marrant, mais là ça devient vraiment casse-couilles.
#3 Les trois-huit
En arrivant à Bruxelles, j’ai passé les premiers mois à enchainer deux boulots dans la même journée, je n’arrivais même plus à penser à peindre. Au bout de deux mois, je me suis pris trois jours de congé. J’ai réussi à peindre à Hanovre, à Bruxelles, dans une ville en Hollande dont je ne me souviens plus le nom, à Paris et de nouveau à Bruxelles. Le jour d’après quand je suis retourné travailler, j’avais le sourire.
#4 Punchlines
J’ai toujours aimé ajouter des phrases à côté de mes panels. Sans punchline, je trouve que ma pièce est inachevée. Si un jour j’arrête de peindre des lettrages, je continuerai d’écrire des punchlines.
#5 Selfie
On s’est bien amusé dans cet atelier de réparation pendant plusieurs années. Des trains avec différents problèmes y séjournaient plusieurs jours avant de repartir en circu. A cette époque, j’emmenais de nombreux touristes et des potes peindre dans ce spot, le train était rapidement entièrement peint. J’ai réussi à caser ce panel pile-poil au bon endroit pour la photo. J’ai dû casser une petite porte bricolée en bois et la vitre d’un placard de rangement pour réussir à le prendre en photo.
#6 Salade de styles
On a peint ce mur avec Omick en Septembre 2014, une fin d’après-midi agréable. C’est un endroit super sympa. On a décidé de faire une salade avec nos lettrages et nos persos. C’est compliqué de mélanger deux styles différents sur une même pièce, surtout quand tu fais du freestyle. En 2018, la pièce est toujours là.
#7 Punition
Je parie que ça peut arriver à tous les graffeurs. Ressentir le besoin de taguer en n’ayant rien sur soi à part un marqueur. Le camion blanc n’attendait que moi. Heureusement, je savais où il était garé pour pouvoir prendre une photo le lendemain.
#8 Even as a tiger, a man is nothing with no friends
En parcourant le monde pour peindre, je me suis rendu compte de l’importance des amis. Pas besoin d’en avoir beaucoup. Mes potes sont plus importants que tout le reste. Quand il s’agit de graffiti, je vois ça de manière très simple : mes amis sont les rois du monde.
#9 Pas de problème, que des solutions
J’en suis convaincu : il n’y a pas de problème, que des solutions. Que faire si l’espace n’est pas suffisant pour peindre à deux ? Si on n’a pas assez de peinture pour deux ? La réponse en photo.
#10 No stress
Mon pote Krack adore peindre ces cibles en mouvement. J’avais repéré ce camion garé dans un spot parfait. Je l’ai appelé et on l’a peint quelques heures plus tard. En fumant une clope après l’action un peu plus loin, on a vu le proprio le récupérer. Il n’a même pas capté qu’on l’avait peint. Quelques jours plus tard, j’ai pu le prendre tranquillement en photo sur un parking.
#11 Un tigre dans la forêt
Encore cette foutue publicité sur les trains. Cette fois, ils ont remplacé le fond océan par un fond forêt. Qu’est-ce que je suis censé faire ? Au moins mon tigre se sent bien au milieu des arbres.
#12 Peindre coûte que coûte
J’essaie de me souvenir les raisons pour lesquelles on a peint alors que tout se présentait mal : des travailleurs , de la sécu, pas de recul pour la photo. Je n’étais pas du tout partant mais je voulais tout de même peindre. Qu’importe, rien à foutre. Je me demande encore comment on s’en est sorti et comment on a réussi à prendre une photo de nos pièces en circu le lendemain.
Plus de photos de Tarta ici.