Éclairage blafard, poubelles qui trainent, boîtes aux lettres éclatées de tags… Difficile de retranscrire l’ambiance d’un graff dans la rue avec une simple photo. En attendant que le rayon laser pour rétrécir les objets soit dispo, et plutôt que de découper des façades à la disqueuse, Disket réalise des maquettes reproduisant de A à Z l’environnement du graffiti, en miniature.
Quand Disket peint dans le vrai monde, ça donne ça :
Mais le reste du temps, c’est plutôt dans son atelier que vous le trouverez, occupé à manipuler de mystérieux petits objets. Pour en apprendre un peu plus sur la technique du diorama, rencontre avec le graffeur/bricoleur dans son antre, à Bordeaux.
Pourquoi fabriquer des maquettes ?
Je voulais trouver un moyen de ramener un morceau de mur à la maison pour avoir un support original qui remplacerait la toile. Comme c’était pas évident à découper et à transporter, je l’ai fabriqué.
Mon premier essai date de 2012, c’était un mur de briques réalisé en argile. J’ai été agréablement surpris par le résultat et j’ai décidé d’ajouter des éléments de récupération comme des pailles pour faire des gouttières, des câbles de walkman, des cotons-tiges, des poubelles, des diodes électroluminescentes pour l’éclairage…
Comment procèdes-tu ?
Au départ les maquettes étaient des fictions. Mais au fur et a mesure, j’ai commencé à utiliser de vraies photos qui ont une histoire. Depuis 2015, je travaille exclusivement d’après reproduction.
Quels sont les outils et les matériaux que tu utilises ?
J’utilise beaucoup de matériaux de récupération, du papier, du plastique, du carton. Les outils sont assez communs, des cutters, une règle, un Dremel, un aérographe, des pinceaux, un fer à souder, des pinces…
Combien de temps te demande une maquette ?
Ça se fait en plusieurs étapes. La réalisation de la maquette alpha peut prendre une semaine. Il faut ensuite faire un moule pour la reproduire et travailler à partir d’exemplaires moulés en résine.
Il faut ensuite découper les maquettes, rajouter le système d’éclairage, un interrupteur, tout assembler puis les patiner pour enfin… les éclater.
C’est long, je ne peux pas vraiment dire combien de temps j’y passe mais j’aime ça.
Es-tu un geek du modélisme ?
Je ne suis pas un grand fan de modélisme mais l’utilisation de l’aérographe m’a poussé à me renseigner sur cette pratique pour en apprendre les bases. J’ai bien zoné sur les tutos de flaming pour les casques de moto, sur les blogs de maquettisme ferroviaire et les patines des maquettes de chars pour utiliser l’outil à ma manière et réussir à miniaturiser des graffs.
Quel est le lien avec ta pratique de graffeur ?
Le lien est direct. Mes dernières pièces sont un peu comme des pages de fanzines en 3D. Je mets en avant des potes ou des choses que j’ai envie de voir, c’est un peu ma sélecta.
Contactes-tu les graffeurs avant de réaliser des miniatures ?
A la base je n’utilisais que mes photos mais depuis que j’en parle autour de moi, je commence à avoir un bon stock de photos de graffs à reproduire, c’est excitant.
Réponds-tu à des commandes ?
Je ne réalise aucune commande, je reste libre sur le contenu. La seule chose que le client peut commander c’est le format. Ma dernière exposition a eu lieu en 2016. J’ai tout vendu, il m’a fallu deux ans pour refaire une série.
Quels sont les retours ?
Plutôt très positifs, les gens passent du temps à chercher les détails, et saisissent bien l’ambiance nocturne propice au graffiti.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Les gens qui m’entourent dans la vraie vie.
Des projets ?
J’ai une exposition intitulée Évasions 18 dans l’ancienne prison de La Réole qui dure jusqu’à la fin du mois d’Aout. C’est une installation interactive et ludique autour des maquettes. Le spectateur la parcourt avec une lampe de poche dans le noir, pour retrouver les reproductions des graffs sur les maquettes à partir d’une vidéo.