Ofuske de Paris. J’ai commencé le graffiti en 1997. Je ne suis pas plus talentueux qu’un autre, je ne sors pas vraiment du lot, beaucoup d’autres sont plus actifs que moi. Je ne peins pas, je ne fais pas de street art, je fais juste du graffiti. Je n’aime pas trop communiquer sur mon graffiti, mais une fois n’est pas coutume, voici mon 12shot.
#1 Les débuts
Entre 1997 et 2000, c’était l’âge d’or des magazines Graff It et Radikal, et de la middle school. J’habitais dans l’est Parisien, les stores n’étaient pas nettoyés, la Capitale avait un autre charme, et le Ménilmontant de l’époque n’était pas celui d’aujourd’hui. Je voyais donc souvent les graffs et tags pointus des OPC. De 1997 à 2003 mes influences on été diverses, je me suis cherché, j’ai essayé plusieurs styles. Cette diversité était aussi visible dans la rue : on pouvait passer d’un toit de Nascio, à un chrome dans la rue des SDE, à des 3D de Toons, ou des fatcaps des TJS.
Cette photo a été prise en juin 1997 sur la gare de la petite ceinture rue d’Avron. Avec les potes Echek, Sakage, Brack, Fenek (la plupart ont désormais arrêté de peindre), on passe au magasin de chaussures qui vendait des bombes à Père Lachaise, on se dirige sur le spot et on décide de faire un DHL MAFIA (notre crew de l’époque). Avec le recul c’est assez laborieux, mais quel premier graff ne l’est pas ?
#2 Néo-classique
Après quelques années d’expérimentations, il a été important pour moi de me remettre en question, de reprendre souvent les bases et l’histoire du graffiti de ma ville : Paris. En 2004, je recentre petit à petit mon graffiti sur la lettre et je trouve mon pseudo actuel. Désormais, mon style pourrait s’apparenter au « Neo-classique »: une base de lettres issues des débuts de la scène parisienne, revisitées avec une touche moderne.
J’aime le fait que la lettre ne soit pas cachée par trop d’effets et d’artifices. Au delà du flow général du graff, la lettre doit aussi fonctionner seule. Cette photo a été prise en février 2007 au terrain de Gambetta qui est désormais le commissariat du 20e. Il s’agit d’une peinture avec mon pote Karl.
#3 Ville Lumière
Ô Ville Lumière
Sent la chaleur
De notre cœur
Vois-tu notre ferveur
Quand nous marchons près de toi
Dans cette quête, chasser l’ennemi
Enfin pour que nos couleurs
Brillent encore …
Paris ma ville de cœur, j’y suis né, j’y vis. Ses rues, son métro, ses terrasses, son amour, sa violence, font de la capitale une ville que tu aimes ou que tu quittes. Cette photo a été prise en mars 2006 au terrain du palais de Tokyo avec vue sur la Dame de Fer.
#4 Binôme
La fame, je n’y pense pas. Peindre avec untel ou untel pour faire des likes ne m’intéresse pas. Avec le temps, j’ai préféré graffer avec un cercle d’amis réduit. Mon binôme le plus marquant a été ma rencontre avec Karl des OPC. En 2004, Otage me le présente, le courant passe tout de suite : on habite tous les deux l’Est parisien, on est tous les deux matinaux et motivés, il travaille aussi la lettre. Souvent d’accord sur les couleurs, les influences cartoons, la composition, nous avons pendant plusieurs années graffé en duo. Loin de vouloir rester sur nos acquis, il me poussait vers le haut et vice versa.
Cette photo a été prise en septembre 2011. Ce jour là Karl m’emmène dans une école dans le 94 qui allait bientôt être détruite. On enchaîne quelques graffs rapides, et on fini la journée dans cet amphithéâtre abandonné à faire un OPC (notre crew en commun) avant de partir.
#5 Classé dans les classiques
J’ai trouvé cet intégral à l’âge de 18 ans. Alors que Lacoste était porté par Arsenic et autres rappeurs de l’époque, j’ai préféré me tourner vers la marque de l’ancien joueur de tennis, Sergio Tacchini. Aujourd’hui, il ne me reste plus que la veste, et 19 ans plus tard je la porte toujours à chacune de mes sorties graffiti.
Cette photo a été prise en 2017. En la regardant, je me dis que l’influence des années 90 où j’ai grandi se ressent : ST, Kappa, Lacoste… «Classé dans les classiques» comme le chantait Futuristic.
#6 Ville Rose
Toulouse est un peu ma deuxième ville après Paris. Nostalgique de la grande époque, la ville a perdu un peu de son charme après le grand nettoyage. Je me rappelle encore le contraste entre ces murs roses et les graffitis de la Truskool… La scène graffiti reste tout de même très active et qualitative.
J’y ai deux amis proches : Panks et Redy. J’ai rencontré Panks lorsqu’il vivait sur Paris. On a fait les 400 coups ensemble…
Cette photo a été prise en juin 2016. Les fonds c’est jamais notre truc. Je décide de faire de la végétation, et un Mickey à l’ancienne, rien ne va ensemble mais c’est ce côté brut que je kiffe.
#7 La cité des Ducs
De nouveaux quartiers poussent presque chaque année à Nantes, c’est l’occasion pour les Cartel29 qui vivent là bas, d’explorer plusieurs terrains de jeux. J’ai rencontré Arnem et Reduk lorsqu’ils vivaient sur Paname. Ils m’ont ensuite présenté l’ensemble du crew lors de divers aller-retour mémorables entre la capitale, Nantes et Brest. Au delà de l’amitié, notre approche du graffiti se ressemble.
Cette photo a été prise en octobre 2014. Je ne suis pas fan des graffs à thème marronnier, et pourtant ce jour là, avec l’équipe on décide de partir sur un délire horror show. Au final, ça ne se ressent pas vraiment dans mon graff. J’aime cette photo, avec ces rails qui me rappellent l’ambiance de la petite ceinture parisienne.
#8 Noir et blanc
Noir et blanc, chrome et noir, or et rouge,… Bref, pour moi le 2 couleurs a toujours eu plus d’impact. Cela permet d’être focus sur la lettre. Cette photo a été prise en octobre 2015 au terrain de Nanterre U. Influencés par les cartoons et comics des années 30-40, avec Socrome nous décidons de pousser la thématique sur ce mur.
#9 Le Métro Crame
Entre 2004 et 2008, j’ai eu une période plus active dans les tunnels et sur le métro. Il y a désormais prescription, j’étais loin d’être le moteur et le plus actif. Je me laissais plus porter par l’équipe, c’est pourquoi je ne montre pas d’archives «vandales». C’est juste une période du passé, avec de bons souvenirs. Cette photo a été prise en 2004. Peint en extérieur de nuit à l’atelier de la 2. Photo prise le lendemain sur la petite ceinture.
#10 Rats Parisiens
Plus jeune, j’aimais traîner la nuit, alors que tout Paris se couchait c’était l’occasion avec Hermès, Dasy, Lezar ou Tode de descendre dans les tunnels parisiens. Le bruit des cailloux sous les chaussures, le 3ème rail, l’odeur si particulière… J’appréciais tout ces détails que seuls les initiés peuvent reconnaître.
J’ai trouvé cette photo datant de 2009… ici sur Drips ! Graff fait en 2004 ou 2005 sur je ne sais plus quelle ligne.
J’étais plus chrome et noir qu’intérieur au rouleau, et comme je pouvais faire plus de graffs en autant de temps, cela me permettait de faire une série de tunnels en une seule soirée. Parfois ces tribulations nocturnes peuvent finir en belle découverte, comme un Sprague neuf sans surveillance…
#11 Marchés Parisiens
Les marchés parisiens, leurs ambiances, les camions, les rencontres bonnes ou mauvaises… Un véritable terrain de jeux pour quelques crews parisiens. J’ai rencontré les FD par l’intermédiaire de Reduk et Dick. On est tous de la même génération, certains venant aussi de l’est parisien. Leur bouquin est d’ailleurs sorti en Décembre 2018 et c’est du lourd ! Cette photo a été prise en 2015. Je les rejoins sur un marché du 20e, Clone et Peter étant aussi OPC, je trace ce lettrage sur le cul du camion.
#12 Le dernier graffiti
Pas la plus belle… mais elle résume bien ce #12shot : la lettre, peu de couleurs, peu d’effets. La seule exception : une peinture en groupe avec Rmax, Moner et les 132.
Plus de photos d’Ofuske ici.