Un plan qu’on ne connait pas, un contact pas très fiable mais une envie irrépressible de peindre un modèle original : le métro de Toronto. C’est le genre de situation dans laquelle Dart s’est retrouvé, de passage au Canada.
Récit d’une mésaventure cauchemardesque dont le graffeur suédois s’est sorti indemne… de justesse.
DART : Pendant un grand voyage en Amérique du Nord avec un pote, on s’arrête à Toronto. On a rendez-vous avec un local avec lequel on a eu quelques problèmes. Il doit nous emmener sur plusieurs spots mais cela ne se fait pas. On se retrouve finalement dans l’un des plus grands dépôts de métros de Toronto. Il nous indique qu’il est indispensable d’avoir une énorme pince-monseigneur. Mais cette fameuse pince se révèle complètement inoffensive contre le grillage. Notre contact refuse alors d’aller plus loin et nous propose de monter la garde à l’extérieur. Il nous dit que c’est cool de peindre jusqu’à 22h. Après, les gardes font leur tournée. Il faut aussi faire attention à la police du métro.
On continue donc d’essayer de couper le grillage, sans succès. La clôture devait être renforcée. On ne peut pas la franchir, elle est incroyablement haute : à peu près sept mètres de haut. Mais, il y a aussi des murs de quatre mètres de haut qui font face à des jardins. On construit donc une échelle de fortune avec des ordures, des palettes et des objets en tous genres. On finit par entrer dans le dépôt.
On s’assoit dans les buissons pour attendre à l’abri. On remarque alors des détecteurs de mouvements et des caméras qu’on n’a pas repéré de l’extérieur. Il est seulement 20h, il y a des travailleurs en mouvement partout. On a du temps avant que les gardes commencent leur ronde. On observe la situation avant de commencer à peindre. Au milieu de ma pièce, j’entends le bruit d’un talkie-walkie. Je jette rapidement un œil à la tête du train… Mais rien.
On se remet à peindre comme des fous, en plein rush d’adrénaline. Il y a beaucoup d’activité dans le dépôt. Les trains circulent, ils passent juste à côté de nous, impossible de prévoir à quel moment. On veut juste finir le plus vite possible. Je vérifie une dernière fois avant de faire le contour de ma deuxième lettre. Je franchis le coin et j’aperçois cinq policiers qui attendent, tapis dans l’ombre.
Je panique. Je fais un pas en arrière, j’hésite à prendre mon appareil photo. Finalement, je le saisis et je préviens mon pote qu’on a un sérieux problème. Mais, il est à fond d’adrénaline, c’est sa première action sur un train depuis plus de quinze ans. Il n’entend pas ce que je lui dis, il est complètement dans sa bulle. Il se faufile entre deux wagons. La partie du wagon que j’ai peinte est visible des voies. Les flics doivent penser que je suis tout seul.
Ils commencent alors à me poursuivre à toute vitesse. Je traverse l’énorme dépôt en courant. J’y rencontre des travailleurs, je me mets à marcher. J’entre dans un bâtiment à la recherche d’une sortie. Impossible de franchir les clôtures gigantesques. Il n’y a pas d’issue. Je me retrouve dans un hangar rempli de trains, de travailleurs et de nettoyeurs. Soudain, des gardes surgissent d’une porte qui s’ouvre. Mais ils ne me remarquent pas. Ils doivent penser que je suis un employé. Ils courent précisément dans la direction d’où je viens. Je trouve un bleu de travail avec un badge d’identification accroché dessus. J’enfile la veste et je prends la première porte de l’autre côté du bâtiment qui donne sur un parking réservé au personnel. Il y a un énorme portail coulissant avec un garde assis dans une cabine. Je lui montre mon badge, je viens juste de voir une personne sortir en voiture faire pareil. Je ne ressemble pas du tout au gars sur la photo. Heureusement, le gardien ne la vérifie pas et se contente d’appuyer sur le bouton vert en me voyant arriver.
Le temps que la porte s’ouvre, les secondes les plus longues de ma vie défilent sous mes yeux…