Naïve, hyperréaliste, personnifiée, caricaturale… Déclinée sous toutes les formes, la bombe de peinture est devenue un perso récurrent au même titre que les Bboys. Outil indispensable du graffiti, les graffeurs lui rendent hommage : quelque soit le support, chacun la sienne.
L’explosion du graffiti étant étroitement liée à l’invention de la peinture en bombe, on va se la jouer un peu Wikipedia, avec un petit rappel historique.
L’idée de l’aérosol remonte à…1790 ! Les boissons gazeuses sous pression sont alors introduites en France.
En 1837, Perpigna invente un siphon à soda incorporant une valve. Les bombes métalliques sont testées dès 1862. Fabriquées avec de l’acier, elles sont trop lourdes et trop volumineuses pour être mises sur le marché.
En 1899, les inventeurs Helbling et Pertsch déposent un brevet pour des aérosols pressurisés en utilisant comme gaz propulseur du chlorure de méthyle et d’éthyle.
En 1927, l’ingénieur norvégien Erik Rotheim dépose un brevet pour une bombe de peinture et une valve, un avant-goût de la bombe de peinture moderne et de son diffuseur. le cap.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis investissent massivement dans une solution portative pour les soldats afin d’éliminer les insectes porteurs du paludisme. En 1943, les chercheurs du ministère de l’Agriculture, Lyle Goodhue et William Sullivan, mettent au point une petite bombe aérosol pressurisée remplie d’un gaz liquéfié, un fluorocarbone.
Dès 1947, des aérosols contenant principalement des insecticides sont mises à la disposition du public, suite à leur utilisation par les soldats américains.
En 1949, Robert H. Abplanalp invente une valve permettant de pulvériser des liquides provenant d’un récipient sous pression en utilisant un gaz inerte.
Abplanalp utilise de l’aluminium léger, ce qui diminue les coûts de fabrication et permet de diversifier les usages pour distribuer des mousses, des poudres et des crèmes liquides.
En 1949, Edward Seymour avec l’aide de sa femme Bonnie, pense à mettre de la peinture dans une bombe aérosol.
Une technologie ingénieuse : un récipient pressurisé en aluminium avec une valve et un cap. Dans chaque bombe, une bille pour mélanger la peinture. Première teinte produite par Edward Seymour : le chrome.
La machine est lancée, adieu brosses, pinceaux et pots de peinture encombrants, la bombe de peinture permet enfin de peindre sur tous les supports.
On connait la suite, disponible en une infinité de couleurs, elle devient un objet de consommation très courant, qui sera rapidement adopté et popularisé dès la naissance du Graffiti. Une publicité dont les grandes marques américaines comme Rust-Oleum ou Krylon, distribuées en grande surfaces et dans les magasins de bricolage, ne veulent pas.
Globalement, les industriels de la peinture ne veulent pas entendre parler du graffiti. L’innovation vient alors d’Europe. En 1994, Jordi Rubio et Miguel Galea fondent Montana Colors, et c’est une première : la marque commercialise la première bombe de peinture dédiée à la pratique du graffiti.
Vous avez pris des notes ? Demain, interro écrite ! Passons maintenant au vif du sujet : d’outil, la bombe devient l’objet de toutes les interprétations graphiques.
Les peintres les plus fétichistes en font un élément à part entière de leur production graffiti. Leurs bombes sont des persos aux caractéristiques spécifiques, identifiables au premier coup d’œil. Dans deux catégories radicalement opposées mais toutes deux indispensables, on commence par l’incontournable Can2 et… Bob59 !
Can2
Depuis plus de trente ans, le graffeur allemand accompagne ses lettrages semi-wildstyle de persos en forme de bombes, souvent prenant des poses de Bboys. Un grand classique.
Bob Spray
Dans un registre plus cartoonesque du côté de Lille, Bob59 met en scène les aventures marrantes d’une petite bombe dans différentes situations.
Dans la Lune :
Freeze !
Bobbusters :
Spider bomb :
Aux quatre coins de la planète, les graffeurs déclinent inlassablement l’outil, chacun à sa manière. Poussez pas, y’en a pour tout le monde, et pour tous les goûts !