Certains photographes de Graffiti ont le don de nous plonger dans l’intensité du moment. Martyn MJay et son projet Overrated ne sont pas en reste et documentent avec talent le graffiti sur train depuis quelques années. Nous l’avons rencontré au détour d’un coffee shop.
Qui es-tu ?
Je suis un photographe basé à Rotterdam, aux Pays-Bas. Je me passionne pour tout ce qui concerne l’environnement urbain et plus particulièrement les endroits inaccessibles.
En tant que photographe pourquoi avoir choisi le Graffiti ?
J’aime le graffiti depuis bien plus longtemps que la photo. Ce n’est qu’au bout de dix ans à arpenter le bord des voies et les terrains que j’ai commencé des études de photo à la fac. Quand je me suis lancé, les livres récents de Lifestyle Graffiti étaient rares, à part quelques ouvrages d’Alex Fakso. Contrairement à aujourd’hui, vous ne trouviez pas des photos disséminées sur le Web. J’ai donc continué à escalader les grillages mais cette fois avec mon lourd appareil et mon tripode; à la recherche du cliché parfait. La vérité c’est qu’une bonne photo me donne autant de satisfaction que de peindre un panel qui claque.
En tant que graffeur j’ai rencontré beaucoup de gens cools et intéressants issus des quatre coins de la planète. Nous partions en voyage avec nos tickets Inter Rail bricolés au lieu d’aller en cours. Résultat : je me suis lancé dans toutes les formations de design possibles mais, à cause du graff, je n’en ai fini que la moitié… et j’ai eu mon diplôme d’école d’art en dix ans au lieu de quatre.
Tes photos font régulièrement la une des magazines de graffiti hollandais les plus reconnus. On se souvient tout particulièrement de celle du numéro anniversaire de Bomber. Peux-tu nous en dire plus ?
Pendant vingt-cinq ans, Bomber Magazine nous a gâtés avec un contenu mortel. C’est pour célébrer ces années que j’ai fait cette photo en collaboration avec Super-A. Un clin d’œil aux Pays-bas avec leurs anciens trains, mais aussi aux pionniers de New York et leurs fameuses vestes en jean customisées. J’aime combiner tous ces petits éléments dans un cliché. On retrouve cette démarche dans mes cinq couvertures d’Overrated Magazine.
Overrated, parlons en. Qu’est ce qui se cache derrière ces couvertures ?
Ces temps-ci, dans les magazines, j’ai l’impression de voir toujours la même couv un peu ennuyeuse. J’ai donc décidé d’y aller avec un regard neuf, de combiner humour et spontanéité pour aboutir à un truc différent. Parfois cela semble mis en scène mais je peux vous dire que toutes les idées de photo de couverture sont nées au cœur de l’action.
Comment est né le concept du magazine ?
Nous avions pour projet de sortir un magazine de graffiti depuis un moment, quelque chose de plus ciblé photo et lifestyle. Il y a six ans nous avons monté une équipe avec trois autres potes, tous avec une vision et des points de vue différents sur la scène.
Quand Johan, qui gère Bomber Magazine, nous a avertis que sa publication se mettait en pause, on s’est dit que c’était le moment de se lancer. On a développé notre concept, puis sorti le premier numéro d’Overrated peu de temps après le tout dernier Bomber de la série.
Quel est le menu du numéro 5 ? Peut-on y retrouver tes photos ?
En temps normal, je suis en charge de la série « 24 heures avec ». Pour ce numéro nous avons visité un maximum de villes en Europe. Malheureusement on n’a pas eu de chance, et chaque fois tout est systématiquement parti en vrille. Donc dans le numéro cinq je n’ai que quelques photos à droite à gauche. Par contre pour la couverture ça s’est bien passé. Les modèles de train changent à vitesse grand V chez nous en Hollande et les Banana, nos mythiques trains jaunes disparaissent. Nous avons donc demandé à Angry Banana Man de repeindre en jaune tous les wagons du pays !
Quelle est ta photo préférée dans ce nouveau numéro ?
L’intro de notre rubrique spéciale « Stront aan de knikker », où l’on peut lire Drommels Drommels Drommels. C’est une citation issue de la série Bassie en Adriaan qui était très populaire aux Pays-Bas quand on était gosses. Ces trois mots étaient prononcés par le vilain lorsqu’il n’arrivait pas à attraper les héros. Ils vivaient dans une caravane, dont on peut retrouver les couleurs en arrière-plan du panel.
D’autres projets sur le feu ?
Nous sommes en plein développement d’une galerie low cost en ligne. Le but est de proposer des œuvres abordables produites par des artistes issus du graffiti. Nous allons développer le concept Overrated pour que plus qu’une simple parution annuelle, ce soit aussi une marque. On vous tient au jus !
En France, on trouve Overrated n°5 ici.