Depuis l’avènement d’Instagram dans le monde du graffiti, les spotters sont aux avants-postes du réseau social. Les spotters de trains, à la base, sont des mecs qui photographient les trains – non-graffés – et cherchent à les avoir tous, avec chacun leurs spécificités : numéros de série, etc. Bref, la névrose n’est pas loin. Dans le graffiti, c’est quasi la même : les spotters collectionnent les photos de peintures faites sur les trains et métros.
A Paris, le phénomène est encore récent, mais il prend de l’ampleur et les spotters commencent à faire parler d’eux. Mais qui sont-ils ?
Cyanurz n’est ni photographe, ni graffeur. Vers la fin de son adolescence, il graffe vite fait et taggue à droite à gauche, rien de sérieux : il lâche rapidement l’affaire. Aujourd’hui, il a un boulot classique et tous les jours il prend les transports en commun parisiens pour aller au bureau. Alors pourquoi ?! Death Vallee, qui donne dans la micro-édition orientée graffiti depuis quelques années déjà, a décidé de lui consacrer sa prochaine publication. C’était l’occasion de lui poser la question.
Après un avant-goût sur la ligne 3 lorsque ça tournait bien vers Noël 2017, Cyanurz se met à spotter pour de bon début 2019, lorsqu’il réalise que les panels roulent à fond sur le métro parisien. A vrai dire je le connais depuis une paire de décennies, nous nous étions rencontrés quelques part entre le lycée et le graffiti. Toujours potes et en contact depuis, au début de l’année 2019 il commence à me noyer sous un flot incessant de photos de panels sur métros. Et plus l’année avance, plus je vois qu’il s’investit dans les photos : achat de matériel, rodage de stations et de ponts extérieurs pour trouver la meilleur lumière…
Du coup il commence à utiliser Instagram et poster des panels… et il se prend au jeu, répondant aux touristes et locaux à la recherche de leurs pièces en circu, certains allant jusqu’à lui demander d’aller spotter telle ou telle ligne pour eux : il n’en revenait pas.
Arrivé en fin d’année, en regardant ses photos et toute cette énergie dépensée à documenter les métros peints de l’année 2019, je me suis dit qu’il y avait matière à en faire un vrai projet.
Death Vallee
De fil en aiguille le projet s’étoffe et Death Vallee y intègre l’intervention de sept graffeurs de France et d’ailleurs, qui livrent leur opinion sur le spotting et sur Instagram en général, tel Klima Folk :
Instagram a beaucoup changé la donne. Je pense que c’est génial quand quelque chose d’aussi éphémère est partagé sur internet. Je ne partagerais jamais de photos de ma peinture par moi-même en ligne, mais si quelqu’un repère quelque chose de moi, j’en suis certainement heureux.
Mais il ne perd pas de vue non plus qu’une part du mystère a été perdue en cours de route :
Beaucoup de la magie est perdue si vous avez la possibilité d’envoyer un message à tous les graffeurs du monde entier, surtout ceux très connus : je préfèrerais qu’ils restent de grands fantômes. Instagram les rend plus palpables.
Après les pré-ventes en direct de Death Vallee, une quantité très limitée de livres est désormais disponible* exclusivement ici sur Allcity.fr. [*Edit: le livre est dorénavant épuisé]