Quand j’étais gamin, je pensais que les murs peints faisaient partie de l’espace urbain, limite que c’était un décor fait par la mairie, je ne captais rien. Il y avait plusieurs Hall of Fame vers chez moi, j’allais y prendre des photos et je m’entrainais à recopier sur papier les pièces de Tilt, Der et des toulousains oldschool. J’ai commencé a m’intéresser au graffiti vers 1998, le passage à la bombe s’est fait plus tard, vers 2001. Après l’adolescence skateboard, je m’y suis mis. D’abord sous le nom de Cétone. J’étais, il faut le dire, un vrai toy. Vers 2005, j’ai commencé à utiliser le blase Toncé.
J’ai rencontré par la suite Azek, Kaize, Nes, Stue puis Reso. A leur contact, je me suis intéressé à l’histoire du graffiti et j’ai commencé a travailler mes lettres et les jeux de couleurs. A cette époque, on avait un forum privé sur internet où on faisait des échanges de blases sur papier, ça sketchait beaucoup, une belle émulation.
Avec mon pote Atsak, on se balade souvent en vélo pour trouver des endroits agréables où se poser pour chiller et peindre. Un dimanche, il m’a emmené dans ce lieu et au fur et à mesure on a peint tout les murs. On a vite vu les possibilités du spot, on s’est chauffé à désherber et à cleaner avec Oreas. Quelques coups de scies plus tard, on se serait presque cru dans un jardin privé. Ce qui est surprenant, c’est qu’on y entre comme dans un immeuble normal. Tu pousses une porte, tu traverses un couloir. Comme si tu allais chez un pote.
On y a pas mal trainé l’été dernier, c’est un endroit calme dans la tempête de la ville. Barbecue, apéro, peintures. Le proprio a grillagé l’espace mais on l’a ré-ouvert avec Encor. C’est toujours accessible en ce moment. Jusqu’à ce que le lieu soit racheté et qu’ils commencent les gros travaux. Les murs ne m’appartiennent pas donc mes potes y peignent quand ils veulent. J’aime les murs à plusieurs, mais j’aime aussi le charme d’une peinture solo où tu es vraiment seul face à ton mur.
Je peux y tester différentes choses, compo couleurs ou effets. J’aime bien me poser, regarder ma pièce au calme. Avec mon pote d’Egregore, on s’est motivé a faire cette petite vidéo car l’endroit est vraiment paisible, ça fait de belles images qui resteront.
Je développe mon lettrage en m’inspirant du graffiti classique auquel j’applique des effets modernes. Je sketche beaucoup, mais paradoxalement, je peins rarement avec une maquette, cela me sert plus à avoir des idées. J’aime l’impulsivité et l’inspiration du moment. Pour moi, une pièce c’est un tout, je la construis élément par élément et il faut que tout marche ensemble : le lettrage doit couper au bon endroit par rapport au fond, les effets doivent s’harmoniser avec les volumes, les courbes avec les lignes tranchantes. Il faut que ce soit équilibré. Quand je peins sur toiles, j’ai une approche complètement différente, plus artistique. L’endroit où la peinture va vivre, ou encore le support, n’est pas le même. Je réalise malgré tout l’influence de l’un sur l’autre.
Pour les couleurs, je fonctionne par couches, il y a toujours un intérieur, un contour, un volume, des effets, un fond. Tout ça doit se combiner de manière à ce que les couleurs complémentaires soient bien placées. Je fais rarement d’intérieur vert/rouge, je préfère intérieur vert (et teintes proches) et garder le rouge pour une autre couche du graff. Par exemple, pour les effets dans le fond. Je fais aussi souvent avec ce que j’ai comme canettes, et je choisis sur le moment. J’aime bien les négatifs, un contour blanc ça sort toujours du lot. Quand on me demande « tu fais quoi comme couleurs ? », je réponds souvent que je vais toutes les mettre.
Plus de photos de Toncé ici.