Sans interruption depuis les années 90, Rage alias Rache peint à Hambourg, en Allemagne. Son support de prédilection ? Exclusivement les trains et les métros.
Peintre hyperactif, il se lance pour la première fois dans le circuit artistique, et présente son travail en atelier à la galerie Golden Hands, toujours dans sa ville natale. Simultanément sort sa monographie, intitulée Rache – The Art Of Rage. Nous venons de rencontrer le phénomène, mais il n’est pas très bavard. Nous lui avons tout de même fait subir quelques questions incontournables.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Larson, mais mes amis m’appellent Lars. J’ai grandi à Hambourg, la plus belle ville d’Allemagne. Quand il fait jour, je suis plutôt une personne très tolérante qui accepte son environnement tel qu’il est. Dès que la nuit tombe, mon esprit s’extrait de la matrice pour se dévoiler au public sur les trains.
Quand as-tu commencé à peindre, pourquoi ?
J’ai commencé en 1995. Je n’aime pas beaucoup parler, je préfère sortir pour peindre. Je m’y suis mis parce qu’on m’a dit de ne pas le faire. J’ai l’esprit de contradiction.
Qui sont les DSF ?
Le crew DSF regroupe des personnes mentalement déséquilibrées. Je suis la pièce manquante du puzzle.
Pourquoi utiliser deux noms, Rage et Rache ?
Ce sont deux personnalités différentes. Rage se consacre au graffiti pur et dur, tandis que Rache essaie de faire avancer les choses.
Des problèmes avec le vandal squad ?
Bien sûr qu’il y a des problèmes. On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs. Il y a tout un tas d’histoires, mais ils ne m’ont jamais attrapé. Cette brigade est une des raisons pour lesquelles je peins encore. Elle fait partie de moi.
Pourquoi peindre seulement des trains et des métros ?
J’aime que mes peintures bougent. Si elles tournent longtemps, c’est très bien, mais j’aime aussi quand ça part vite au buff et que je suis le seul à l’avoir en photo. Peindre des trains me donne l’occasion de me distinguer des autres.
Pendant plus de 30 ans, Walter Fischer alias Oz a couvert Hambourg de son emblèmatique smiley. Arrêté à de multiples reprises, il n’a pourtant jamais stoppé. Intronisé membre d’honneur des DSF, il peignait quotidiennement… jusqu’à la nuit du 24 Septembre 2014 ou la police a retrouvé son corps le long des voies ferrées, un sac de bombes à ses côtés. Quelques mots à son sujet ?
Je suis très attristé par sa disparition. C’est une grande perte. Personne ne le remplacera jamais. J’espère que son œuvre deviendra célèbre. C’est le seul moyen de prendre une revanche sur tous ceux qui le détestaient tant.
Pourquoi un livre et une expo ?
Le livre regroupe une sélection de photos de mes pièces de ces vingt dernières années, de mon premier panel en 1998 à aujourd’hui. Il ne s’agit pas de montrer le plus de photos possible mais l’évolution de mon travail sur une période de vingt ans. Dans l’exposition, je montre des oeuvres en lien avec les pièces abstraites que j’ai peintes ces deux dernières années. Il n’y a pas de raison unique, je voulais faire un livre et une exposition depuis un certain temps, mais je pense que la profusion de graffiti sur internet m’a poussé à prendre cette décision. Je n’ai pas de but précis, je n’ai pas de plan spécial pour le futur, la plupart du temps je fais confiance à ma voix intérieure. C’est peut-être le goût de la provoc qui rend cette expo excitante.
Des projets ?
Continuer de peindre.