Tunnels de métros, rues, bords d’autoroute, mises à l’amende, intronisation… le TWE crew dévoile son histoire, scénarisée dans un film de quarante minutes.
Créé en 1998 par Arone, le groupe composé de Veans, Skuz, Flow, Lask, Kraco, Kwim, Skeda, Bizon, Damis, Haiastan, Deza et Cemgraff s’est notamment spécialisé dans les fresques à thèmes, dans la région parisienne.
Nous abordons le graff comme un sport proche des arts martiaux, avec des catégories et des règles. On passe des ceintures, on se mesure les uns aux autres sur des thèmes et des supports différents pour voir si nos enchainements de lettres et nos associations de couleurs sont efficaces. Chacun apprend de l’autre. Chacun essaye d’agrandir les frontières du TWE.
On aime la compétition quand elle est saine comme dans un sport de combat. Pour ce qui est du mode de vie, on ride en crew comme les bikers, les surfers ou les bandes issues de la culture hip hop ou de la culture Rock des années 80. On porte nos couleurs et on en est fier.
En 2016, les TWE se font remarquer dans les médias. Quai de Valmy à Paris, alors qu’une voiture de police brûle encore à proximité d’une manif anti-flics, Lask et Itvan Kebadian finalisent un mur représentant une émeute. Une œuvre qui ne passe pas inaperçue ! Une heure plus tard, les zélés services de voirie la repeignent intégralement.
Une heure après avoir terminé notre graff, il est entièrement repeint, censuré par la mairie de Paris. Il faut noter que la fresque fait 6 mètres de haut sur 20 mètres de long. Il y a eu donc des moyens extrêmement rapides : camion, nacelle pour nous censurer dans l’immédiateté, faute de n’avoir pu nous embarquer.
En Avril 2017, la censure frappe de nouveau les TWE. Deux autres fresques sont elles aussi repassées en deux temps trois mouvements par la Mairie de Paris.
Nous venons de nous faire censurer par la mairie deux fresques à Stalingrad : une sur les violences policières, l’autre sur la Syrie, rue Henri-Noguères alors que tout les autres graffs sont laissés intacts.
La première sur le thème de la guerre en Syrie :
La deuxième sur le thème des violences policières :
Artiste aux multiples talents, Itvan Kebadian s’inspire de l’histoire de son crew pour réaliser son film, en 2014. Pour ce moyen-métrage de quarante minutes tourné entre Paris, Pantin et Bobigny, il sélectionne des comédiens du Conservatoire :
On a essayé de les faire rider avec nous pendant plusieurs semaines pour qu’ils s’imprègnent de l’ambiance.
Résultat : un mélange entre documentaire et fiction, les scènes de cinéma classiques jouées par des acteurs professionnels se mêlent aux actions assurées par les membres du crew.
Les gens connaissent le street art mais que dès que je parle des codes du graffiti, je me rends compte que c’est beaucoup plus underground que ce que je pensais. A partir de là, je me suis dit qu’il fallait absolument faire un film.